Présentation

La bretonnière à Bussy-Le-Grand
La Bretonnière au début du XXème siècle

Le lieu-dit "La Bretonnière" est une ferme du XIXème siècle nichée au creux de la vallée du Rabutin, à deux kilomètres du village de Bussy-Le-Grand et de son illustre chateau qui fut la demeure du Comte de Rabutin et de sa cousine la Marquise de Sévigné.

Cette ferme a été rénovée et transformée en gîtes et habitation  à la fin du XXème siècle et est désormais la propriété de la famille Pernin.

Entourée de prairies, de bois, de sources et bordée d'un étang, la Bretonnière aurait été, selon les témoignages de l'histoire présentés ci-après, habitée depuis l'époque Gallo-Romaine!

Origine du nom "La Bretonnière"

La Bretonnière à Bussy-Le-Grand
Au creux de la vallée du Rabutin...

Les avis des spécialistes diffèrent : 
pour Charles Aubertin (mémoires de la société d'archéologie de Beaune-1896), il s'agit d'un nom d'origine gallo-romaine: villa d'un certain Britannius. 
Pour Dauzat, il vient d'un nom de personne au moyen-âge, un breton habitant les lieux (breton étant synonyme d'anglais). L'appellation Bretonnaria est aussi utilisée au onzième siècle pour désigner une « terre du pays d'Alise » (Archives de l'abbaye de Bèze). 
Pour G.Taverdet, le nom peut provenir de la racine gauloise « bret », désignant un bois de qualité médiocre, parfois humide. 
Pour l'abbé Lereuil, curé de Baigneux en 1880, le nom vient de breton, mais dans un sens particulier: au moyen-âge, les bandits de grand chemin (écorcheurs, coquillards...) auraient utilisé entre eux un langage conventionnel (sorte d'argot de l'époque) dans lequel ils se seraient désignés par le mot « bretons ». Leurs lieux de rendez-vous et de cachette du butin auraient été des « Bretonnières ». 
Charles Aubertin fait allusion à cette explication, mais les sources de l'abbé Lereuil n'ont pu être identifiées.

Les Propriétaires au fil du temps

La Bretonnière à Bussy-Le-Grand
Au bout de l'étang, le "Boudoir"

D'après l'abbé Denizot (1870), un chevalier nommé Humbert donne, en 1050, sa part de la Bretonnière (un tiers) à l'Abbaye de Bèze. Depuis le seizième siècle (1579 ?) la Bretonnière appartient à l'Abbaye d'Oigny (Chanoines Génovéfains puis de Saint Augustin). On trouve en effet dans les archives de l'Abbaye les baux de location de tout ou partie des terres et des bâtiments (voir "les locataires des lieux"); mais le seigneur de Bussy (famille Rabutin depuis 1583) est seigneur d'une partie des terres: il touche la taille de 5 journaux de terre en 1605. L'abbé de l'Abbaye d'Oigny est seigneur de la majeure partie de la Bretonnière car, en 1736, il réclame à un vendeur les «lods» c'est à dire un droit d'enregistrement dû au seigneur. Au dix-huitième siècle, la Bretonnière n'appartient plus, semble-t-il, à l'Abbaye.
En effet, on ne trouve plus de baux dans les archives. L'abbé ne réclame que des «lods» au nommé Lechapt, avocat (donc non fermier) qui a vendu la métairie de la Bretonnière à Pierre Cacusey, habitant de Darcey.

Au moment de la révolution, la Bretonnière ne figure pas dans les biens nationaux, alors que le reste des biens de l'Abbaye fait l'objet de vente par les autorités de la République. Un dénommé Jean Lallement vend le domaine de la Bretonnière, le 11 mars 1829, à Balthazard Gimelet pour 29480 F. Ce Jean Lallement l'avait reçu de sa mère, Marie Françoise Caussey (ou Cacusey), veuve d'un Jean Lallement. Il en garde la jouissance, après avoir payé ses dettes, avec un bail comme fermier. Il est marié à Madeleine Sordoillet et ils ont eu 8 enfants. En 1862 un bail est signé pour 9 ans avec François Lallement, fils de Jean. Balthazard Gimelet est mort le 7 janvier 1861. Achille Gimelet, son petit-fils meurt en 1904. En 1905, Joseph Remond achète la Bretonnière aux héritiers Gimelet. Joseph Remond est le grand-père des enfants Drouin qui ont vendu la Bretonnière en 1990 à Françoise et Geoffroy Lallemant qui en ont aménagé une partie en gîtes, puis l'ont cédée à la famille Pernin.

Les locataires des lieux

La bretonnière à Bussy-Le-Grand
Le Lavoir au bord du Rabutin

1560: "L'abbé d'Oigny loue à Renaud Brochon, laboureur, demeurant à la Bretonnière, le tiers des terres, bâtiments et dépendances de la grange de la Bretonnière". Est-ce le tiers du chevalier Humbert, racheté à l'abbaye de Bèze ?

1615 (18 janvier): "L'abbé d'Oigny loue à Hubert Cousin, marchand à Bussy-le-Grand, pour lui et ses ayant-cause perpétuellement, les terres labourables dépendant de la métairie de la Bretonnière, en quoi qu'elles consistent, tant en bâtiments, moulin, que prés, terres, vignes, bois, buissons et dépendances généralement quelconques, moyennant 13 setiers de grains, mesure de Bussy (froment, conseau, orge et avoine par quart), payables à la Saint Martin d'hiver, plus deux livres de cire et deux chapons. Le preneur s'engage à bâtir une maison de deux chambres et une grange de trois tirants. L'abbé prête au preneur 600 livres tournois pour la construction des nouveaux bâtiments, remboursables 100 livres par an le jour de Pâques à partir de 1619", "La métairie étant alors affermée par amodiation pour trois ans à un particulier de Bussy, le preneur touchera le fermage et entrera dans les terres en fin de bail de 3 ans". On passe d'un bail à durée limitée (3 ans) à un « bail à cens ». Dans ce genre de bail la durée était perpétuelle et il se transmettait automatiquement aux héritiers. Le locataire pouvait d'ailleurs vendre le droit au bail.

1663: Antoine Cousin (descendant du précédent?) "somme le sieur abbé Blondeau de rectifier le bail ou de reprendre la métairie et de rembourser les améliorations".

En 1931, à la mort de Joseph Remond, la ferme est louée en fermage à monsieur Mercusot, puis à Monsieur Rousselot, puis à son gendre monsieur Lemaire, et ensuite à son petit fils Gérard Lemaire.